samedi 30 janvier 2010

Une identité au-delà de la nationalité

Auteur : Évelyne Ribert
Source : Sciences Humaines


On soupçonne parfois les jeunes issus de l’immigration de « ne pas aimer la France », et de ne devenir Français que pour des raisons utilitaires. Pourtant, l’enquête auprès de ces jeunes dévoile une autre réalité : un faible sentiment d’appartenance, certes, mais aussi de profondes attaches. Une attitude qui les rapproche, au fond, de la majorité des jeunes Français. Les jeunes issus de l’immigration font l’objet, depuis le début des années 1980 d’une forte suspicion. Certains soupçonnent ces jeunes dits de la « deuxième génération », nés sur le territoire de parents étrangers, de rejeter la France ou simplement de ne pas se sentir français, alors même qu’ils acquièrent la nationalité française, ne le devenant que pour des raisons utilitaires.

Une nationalité à visée égalitaire
Quelle que soit leur nationalité d’origine, les jeunes nés en France de parents étrangers acquièrent massivement la nationalité française. Au début des années 1990, seulement 8 % d’entre eux environ restaient étrangers contre 3 % à la fin des années 1990. En revanche, bon nombre d’adolescents ne pensent pas garder leur nationalité d’origine : certains veulent s’en défaire, d’autres négligent de faire les papiers qu’ils imaginent nécessaires pour la conserver ou croient ne pas pouvoir bénéficier de la double nationalité. La nationalité est dissociée de l’identité, qu’il s’agisse de la nationalité française ou de la nationalité d’origine.

Une absence d’identification à la France
Plusieurs raisons expliquent cette dissociation de la nationalité et de l’identité.
La première est que ces adolescents ignorent souvent leur nationalité jusqu’à la majorité. Si certains jeunes savent qu’ils ont la nationalité de leurs parents, beaucoup imaginent n’avoir, durant leur minorité, qu’une nationalité provisoire, « de seconde zone » : ils n’obtiendraient une véritable nationalité qu’à leur majorité. En attendant, ils se croient donc temporairement étrangers ou français. Si les jeunes peuvent ainsi ignorer leur statut national jusqu’à un âge avancé, c’est parce que celui-ci sert peu à les identifier. On les désigne communément par leur appartenance à la deuxième génération, à leur origine étrangère.
La deuxième raison est que la dimension nationale ou « ethnique » n’est qu’une des facettes de leur identité et qu’elle est loin d’être la plus importante.Contrairement aux idées reçues, ces adolescents ne souffrent pas de problèmes identitaires. Ils vivent en revanche très douloureusement le rejet dont ils peuvent se sentir victimes en France ou dans le pays de leurs parents.
Ainsi soulignent-ils que les difficultés auxquelles ils se heurtent ne proviennent nullement de pseudo-problèmes identitaires, mais de la place qui leur est accordée par la société française. Ils contestent ouvertement le bien-fondé des clivages nationaux et « ethniques » de la culture dominante.

Le refus des identitées préétablies
La dernière raison pour laquelle la nationalité et l’identité sont déliées est que ces adolescents aspirent, comme les autres, à se définir librement. Les jeunes issus de l’immigration rejettent le modèle prédéfini d’appartenance à la collectivité, où l’appartenance nationale primerait sur les autres appartenances. Ces adolescents souhaitent concilier les différentes facettes de leur identité, multiplier les affiliations et rêvent d’être reconnus tels qu’ils sont : à la fois français et d’origine étrangère.
Si ces jeunes refusent souvent de déclarer qu’ils se sentent français et ne considèrent pas l’acquisition de la nationalité française comme un changement d’identité, ceux qui pensent faire leur vie dans l’Hexagone entretiennent des liens forts avec la France. Ils ne le reconnaissent pas nécessairement, mais c’est ce qui ressort de leur discours. L’analyse des différents types de lien – affectif, culturel, politique – qu’ils entretiennent avec la France montre qu’ils ont avec l’Hexagone des attaches très profondes.la France est de fait leur pays : ils y possèdent leurs repères, ils sont souvent très liés affectivement à leur quartier, ils adhèrent aux valeurs communes, même s’ils ne le disent pas explicitement, et beaucoup affirment vouloir voter. Ils reconnaissent tous d’ailleurs être de fait français. La suspicion dont ils font l’objet n’a donc aucun fondement.
Si les jeunes issus de l’immigration cristallisent la crainte d’un affaiblissement de l’identité nationale, dans un contexte de crise économique et de chômage structurel, où celle-ci paraît menacée par la mondialisation et la construction européenne, c’est sans doute en partie parce qu’ils révèlent l’attitude des jeunes Français. De cette génération, Français et étrangers confondus, socialisée en France, qui n’a pas connu le patriotisme et se félicite de la suppression du service national, les adolescents étrangers nés en France sont les seuls, en tant que candidats à la nationalité, à devoir se prononcer sur leur appartenance nationale et donc à pouvoir dévoiler une éventuelle érosion du modèle national. Des études comparatives européennes révèlent que les adolescents résidant dans l’Hexagone n’ont qu’un faible sentiment d’appartenance nationale par rapport à leurs homologues des autres pays européens. Ainsi, le fait que les jeunes nés en France de parents étrangers n’aient pas un fort sentiment d’appartenance nationale, loin d’être un aveu d’échec, peut être vu comme le signe d’une intégration réussie.

Talia

jeudi 28 janvier 2010

SOUS CULTURES

Puisque nous sommes entrain d'étudier les differents définitions du mot culture, au sens courant puis au sens anthropologique (Edward Burnett Tylor), c'est important de savoir que les sociétés me sont pas uniformes et abritent des sous- ensembles d'individus ou "sous-groupes" qui se differencient les uns des autres. C'est ce qu'on appelle sous-culture.
Ce texte est une petite introduction à l'ouvrage "Sous-culture, le sens du style" de Dick Hebdige qui montre les outils pour comprendre les jeux complexes de signification, instrumentalisation, expression, détournement des codes, des identités et des signes par des sous-cultures de jeunesse en situation post-coloniale.
Hier le punk, aujourd'hui le hiphop ou la tecktonik, ce sont des exemples de cultures urbaines minoritaires, des fois sauvages et contestataires qui ont leur propres formes d'expression, leur codes vestimentaires et leurs histoires.
Plutôt de les ignorer, il faudrait chercher à les comprendre.
L'auteur de ce texte, en appliquant aux sous-cultures certains concepts de la linguistique, il décrit de façon novatrice les conflits sociaux comme la lutte pour l'appropriation des signes identitaires, dans ce qu'il appelle, à la suite d'Umberto Eco, une « guérilla sémiotique »
La musique, les vêtements,les rituels, argots ou coiffure sont les éléments distinctifs.
Ces styles, menacés de récupération marchande, ils apparaissent comme des instruments de confrontation et de résistance à des hégémonies dominantes.
La jeunesse britannique des années 1970 fut le creuset du punk et du « glam-rock » et aussi le foyer d'une puissante sous-culture rasta.
L'auteur du livre explique l'émergeance du punk par l'importance des dialogues, les codes vestimentaires, interposés par les britanniques et les immigrés. Les sous-cultures se répondent entre-elles en un jeu d'échanges, de citations et de déplacements.


" Ce texte fondateur des « cultural studies » mêle écriture poétique, enquête de terrain et développements théoriques au service d’un projet atypique : une authentique sociologie du punk, écrite sur le vif, à l’apogée du mouvement, en 1979... "

ANGELA

lundi 25 janvier 2010

Les médias, nouvelle forme de culture?

Auteur: Xavier Molénat.
Source: Sciences Humaines > Anthropologie.
Quelles sont les nouvelles formes de pratiques culturelles liées à la croissance des médias et des technologies de communication ?

Les médias occupent une place de plus en plus prépondérante dans nos vies, particulièrement dans nos loisirs. Malheureusement, la sociologie n'a pas été très prompte, à s'intéresser à ces nouveaux moyens de communication, à leur contenu et surtout aux usages et pratiques culturelles (échanges de fichiers sur le Web, sociabilités autour de la musique ou des émissions télévisées, usages militants d'Internet...) qui leur sont liés.
La spécificité de ces « cultures-média » est, comme le soulignait le sociologue Olivier Donnat, de se situer au croisement de deux traditions divergentes, du moins en France. D'un côté, une sociologie de la culture qui, dans la foulée des travaux de Pierre Bourdieu, analyse les pratiques culturelles, essentiellement les plus « nobles », sous l'angle des différences entre les classes sociales. De l'autre, la sociologie de la culture de masse telle qu'a pu la pratiquer Edgar Morin, insistant davantage sur les effets d'homogénéisation et de standardisation des produits de l'industrie culturelle. Des tentatives de dépassement de ces oppositions ont eu lieu mais elles restent timides et peu suivies. Donnat, signalait par ailleurs que cette opposition entre domaine de la culture et domaine des médias se traduisait aussi institutionnellement. Ainsi, malgré son intitulé, le ministère de la Culture et de la Communication ne compte aucun service prenant en charge la question des médias (la direction des médias dépendant directement du Premier ministre). Plusieurs éléments confirment selon lui cette « incapacité [institutionnelle] à penser ensemble culture et médias », tels que la vision répandue d'Internet uniquement comme « machine à pirater », ou bien encore le récent rapport Latarget sur l'avenir du spectacle vivant, qui n'aborde à aucun moment la question des industries culturelles...
Selon Hervé Glévarec, si la plus ou moins grande valeur des diverses pratiques culturelles était définie essentiellement par l'école, on assiste aujourd'hui à une « pluralisation des ordres de légitimité », en lien notamment avec de nouveaux clivages liés à l'âge. Prenant l'exemple de la musique, il a souligné que les médias contribuent, dans ce cadre, à façonner des « genres » qui deviennent incommensurables : difficile aujourd'hui d'affirmer que le classique « vaut » plus que le jazz, lui-même valant plus que le rock et le rap. Il faut en effet tenir aussi compte de la montée d'un « régime de justice pluraliste contemporain », qui tend à reconnaître comme légitimes toutes les formes de cultures sans établir de hiérarchies entre elles. Le sociologue Eric Maigret, insistait sur l'affirmation contemporaine de l'individu, qui entraîne des usages de la culture de plus en plus centrés sur la sociabilité et l'expressivité. Un film grand public comme Matrix, « qui n'aurait pas pu gagner à Cannes », a dû son succès notamment au fait qu'il reprenait des questionnements existentiels (le choix, le libre arbitre, la réalisation de soi) de plus en plus délaissés par la culture « noble ». Il faut selon lui relier cela à l'exigence de liberté et d'authenticité de l'individu contemporain. Les diverses interventions de cette journée d'étude plaidaient pour que l'on prenne au sérieux, sociologiquement parlant, ces nouvelles « cultures médiatiques », qui « ont des incidences sur les pratiques traditionnelles, mais [...] sont aussi le support de pratiques émergentes » appelées à prendre une place de plus en plus prépondérante dans nos sociétés.


Article complet: http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_article=4270

vendredi 22 janvier 2010

Les grandes écoles sont réservées à une petite élite


Cet article est issu du Hors-série poche n°42 d'Alternatives économiques : "30 idées reçues sur l'emploi et les métiers" (janvier 2010)


La conférence des grandes écoles a critiqué l'objectif de 30 % de boursiers affiché par le gouvernement. Pourtant, les écoles les plus réputées continuent d'accueillir des étudiants issus des milieux sociaux les plus favorisés en capitaux économiques et culturels. Seuls 5 % des élèves de classes préparatoires sont des enfants d'ouvriers tandis que 45 % ont des parents cadres supérieurs.
Certes, ce problème est général à l'enseignement supérieur français, où seuls 11 % des étudiants sont des enfants d'ouvriers, contre 30 % des enfants de cadres et l'écart se creuse encore en troisième cycle. Mais ces chiffres montrent que le système des grandes écoles, cette originalité française, demeure socialement très sélectif.

Au-delà des procédures de sélection, deux autres facteurs expliquent l'inégalité d'accès aux grandes écoles : un manque d'informations sur les voies pouvant mener à celles-ci et un phénomène d'autocensure très présent chez les jeunes qui ne sont pas issus de « l'élite ».
Une des raisons du faible nombre d'enfants issus de milieux défavorisés dans ces filières tient notamment à la nécessité, pour y réussir, de maîtriser des codes sociaux implicites, transmis de génération en génération dans les catégories sociales supérieures.Mais il existe aussi des obstacles financiers à l'entrée dans ces établissements prestigieux. Les droits d'inscription sont souvent élevés.
Au-delà, les efforts pour accroître le nombre de boursiers admis dans les grandes écoles restent faibles. Même si la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a récemment annoncé vouloir atteindre rapidement l'objectif de 30 % de boursiers au sein de ces écoles, les aides financières sont encore insuffisantes et le chemin à parcourir considérable.


Marta

mardi 19 janvier 2010

Capital culturel et reproduction scolaire.

Article: Capital culturel et reproduction scolaire.
Auteur : Gérard Mauger.
Source : Sciences Humaines, Dossier : « qu’est-ce que transmettre ? »
Résumé:
Malgré la massification de l'enseignement, l'accès aux titres scolaires est encore lourdement dépendant de l'héritage culturel familial.
En 1892, Émile Durkheim s'était hasardé à prophétiser, dans un cours sur « la famille conjugale », le dépérissement de l'héritage, la disparition des « liens qui dérivaient des choses » au profit de « ceux qui venaient des personnes ». Les plus grands esprits peuvent se tromper. En l'occurrence, il me semble que l'« erreur » d'E. Durkheim était double. D'une part, il sous-évaluait l'importance de l'héritage économique, qui ne s'est jamais démentie en dépit de l'extension du salariat : « En l'an 2000, l'ouvrier - tout comme son (sa) collègue employé(e) - gagne 2,5 fois moins qu'un cadre ; » quant aux patrimoines, « non seulement l'écart entre les ouvriers et les cadres est béant, mais l'écart entre les cadres susceptibles d'espérer une ascension patrimoniale [...] et les autres est immense ». D'autre part, E. Durkheim méconnaissait l'importance croissante prise par l'héritage culturel et les nouvelles formes d'échanges entre les générations qui en dérivent. La prolongation généralisée des scolarités a imposé peu à peu un nouveau « sentiment de l'enfance ». Mais elle a surtout profondément transformé les modes de reproduction, bien que la famille contemporaine y conserve un rôle déterminant. Alors que le patrimoine économique se transmet directement du propriétaire aux héritiers, dans « le mode de reproduction à composante scolaire », la transmission s'opère par l'intermédiaire de l'institution scolaire, qui délivre des labels de qualité selon des critères qui lui sont propres : la valeur du patrimoine familial est de plus en plus définie par le montant du capital scolaire détenu par l'ensemble de ses membres.
En matière de scolarisation, aujourd'hui comme hier, c'est l'héritage culturel lié à l'origine sociale qui explique l'essentiel des variations observées dans les parcours scolaires et, en définitive, les écarts de capital scolaire attesté par le diplôme. La croissance quantitative des diplômes n'a provoqué aucun bouleversement des ordres ni même aucune réduction des écarts, notaient Christian Baudelot et Roger Establet en 1989 . Les chances d'obtenir un bac oscillaient alors chez les garçons de 1 à 4 (18 % pour les fils d'ouvriers contre 72 % pour les fils de cadres) ; elles étaient comprises entre 1 et 3 pour les filles (27 % pour les filles d'ouvriers et 81 % pour les filles de cadres).
Mais la nature même du capital culturel fait que sa transmission d'une génération à l'autre soulève d'autres problèmes que celle du capital économique. Le capital culturel défini par Pierre Bourdieu existe sous trois formes : « à l'état incorporé », c'est-à-dire sous la forme de dispositions durables de l'organisme (à commencer par la docilité, soit, étymologiquement, la disposition à se laisser instruire) ; « à l'état objectivé », sous la forme de biens culturels (bibliothèques, discothèques, médiathèques, etc.), et « à l'état institutionnalisé », sous la forme, pour l'essentiel et pour la période contemporaine, du titre scolaire. Le capital culturel, qui disparaît avec la mort de son détenteur, ne peut pas être transmis instantanément par le don ou la transmission héréditaire, l'achat ou l'échange. Il exige un travail d'inculcation et un travail d'assimilation, travail du sujet sur lui-même qui coûte du temps : il se cultive. A la différence du capital économique, celui qui le transmet ne s'en défait pas et il peut le transmettre plusieurs fois au cours de son existence.
De ces propriétés du capital culturel, on peut déduire quelques aspects des modalités de sa transmission d'une génération à l'autre, c'est-à-dire aussi des rapports entre générations à l'intérieur de l'unité domestique. Les stratégies de reproduction des familles dont le patrimoine est à dominante culturelle et qui visent, comme les autres familles, à sauvegarder ou à améliorer leur position dans l'espace social, impliquent la transmission la plus précoce possible de ce patrimoine à chacun des enfants. Elle s'opère, pour l'essentiel, en dehors de toute volonté explicite de le transmettre, par l'effet éducatif qu'exerce le capital culturel objectivé intégré à l'environnement familial et par toutes les formes de transmission implicite liées à l'usage de la langue, qui contribuent à la construction sociale des habitus.
De façon générale, les parents peuvent agir en créant le meilleur environnement extrascolaire possible pour leurs enfants, en recherchant la meilleure stratégie de placement dans le dédale des filières, des établissements et des options, quitte à devoir se mobiliser (en faveur, par exemple, de l'enseignement privé ou de l'assouplissement de la sectorisation) pour transformer l'école. Par ailleurs, certaines écoles ont pour fonction principale la validation des compétences sociales acquises dans le cercle domestique. Enfin, le diplôme n'est une condition ni nécessaire, ni suffisante de l'accès à toutes les positions dominantes, la valeur d'un individu sur le marché du travail ou sur le marché matrimonial n'étant pas fixée uniquement par la valeur du capital scolaire qu'il détient, mais dépendant aussi des ressources qui peuvent être mobilisées à travers le réseau de relations familiales : « le capital social ».

Article complet: http://www.scienceshumaines.com/capital-culturel-et-reproduction-scolaire_fr_12504.html

lundi 18 janvier 2010

La troisième culture

Internet c´est l´apparition d´une troisième culture qui émerge a côté des autres pouvoirs culturels (la culture académique et celle des médias). Le triomphe du Web offre un nouvel espace public pour l´expression des idées et des opinions
Les savants amateurs, les pirates, diaristes et autres pasionés forment un nouveau « tiers état culturel », ce qui montre qu´internet est un espace culturel très hétérogène. La troisième culture attaque le « second pouvoir », celui de la presse et l´édition. La diminution des ventes des libres et journaux est un événement international, massif et structurel. Aux Etats Unis le nombre de lecteurs de journaux et magazine a baissé de 10 % entre 1994 et 2006, pendant que le nombre d’Internautes a éclaté. En France on comptait 28 millions d´internautes en février 2007 , c´est à dire plus de la moitié de la population. Un grand nombre d´anciens lecteurs sont devenus maintenant fanatiques du Web et passent la soirée devant un écran et non pas devant un livre. Mais tous les secteurs du livre ne sont pas frapés de la même manière, les romans, BD et essais n´ont rien a perdre.
La production numérique (avec support papier limité et large diffusion sur le Web) offre a ses ouvrages une nouvelle oportunité : le volume de texte n’est plus un obstacle, les mises à jour sont aisées et le coût de production et de diffusion est bien inférieur à celui du support papier. Cette révolution numérique emporte un processus de « destruction créatrice », derrière cette expresion on trouve des secteurs en crise et d´autres en plein boom. La Web fragilise le « deuxième pouvoir » culturel. (premier pouvoir institutions académiques). Beaucoup d´universités d´établissement de formation se sont lancés dans le e-learning mais le « cyberprof » ne semble pas remplacer les cours traditionnels.
C’est dans le domaine de la documentation que les effets du Web sont les plus révolutionnaires


Jean-François Dortier –Octobre 2007 Mensuel nº186 Sciences humaines

Alicia

La Mobilité Sociale

Comment analyse-t-on la mobilité sociale ? La mobilité sociale est, comme le disait Alfred Sauvy, « un des sujets des plus attirants pour le public et des plus troublants pour le sociologue ». Cette notion prend ses sources dans les valeurs des sociétés modernes : la liberté (de choisir son destin), l'égalité (des chances offertes à tous), le progrès (des individus) et la rationalité (de leur distribution dans le corps social). D'une manière générale, ces enquêtes, à base d'études statistiques, étudient les groupes d'individus d'une profession soit en comparant leur position en début et en fin de carrière (mobilité intra générationnelle ou professionnelle), soit en comparant, à un âge donné, la profession d'un individu à celle de son père au même âge (mobilité intergénérationnelle ou sociale). En France, les premières études ont été réalisées par l'Institut national d'études démographiques (Ined), créé en 1945, puis par l'Insee à partir de 1953. Mais c'est surtout à partir de 1964 que les enquêtes « Formation, qualification professionnelle » (FQP) de l'Insee vont devenir la principale source d'étude de la mobilité professionnelle et sociale.
Quelle est son ampleur depuis cinquante ans ? L'idée de mobilité sociale a été contredite par beaucoup de sociologues qui ont souligné que la société française reproduisait, d'une génération à l'autre, la répartition sociale des individus, les enfants d'ouvriers devenant ouvriers, ceux de cadres, cadres : tel père, tel fils... Pourtant, les études statistiques montrent que, même s'il existe une réelle tendance à la transmission intergénérationnelle des statuts socioprofessionnels, il existe aussi une importante mobilité sociale ascendante. En 1953, plus de 50 % des hommes (âgés de 40 à 59 ans) étaient classés dans la même catégorie sociale que leur père. Cette proportion décroît de façon continue au cours des décennies suivantes : elle est de 40 % en 1970 et de 35 % en 1993. Pendant longtemps, ces études n'ont porté que sur les hommes, le statut des femmes étant assimilé à celui de leur conjoint (considéré comme chef de famille). Prenant en compte leur entrée massive sur le marché de travail, l'enquête FQP de 1993 a étudié leur mobilité en comparant leur statut professionnel à celui de leur père : 28 % seulement ont la même situation que lui. D’autre part, Ces progrès du salariat s'expliquent par le développement des emplois tertiaires, dans lesquels une majorité de femmes est venue s'installer au point d'occuper le quasi-monopole de certaines professions (infirmières, institutrices, secrétaires...). Les emplois de cadres ont eux aussi beaucoup augmenté, profitant surtout aux hommes.
Qui devient quoi ? Certaines catégories peuvent être considérées comme immobiles ou très mobiles. Près de neuf agriculteurs sur dix sont fils d'agriculteurs et plus d'un ouvrier sur deux est issu d'une famille ouvrière. En revanche, 75 % des enfants d'agriculteurs, la moitié des enfants d'ouvriers et 80 % de ceux d'employés quittent leur milieu d'origine : ce sont eux qui constituent le gros de la troupe des mobiles, pour rejoindre les professions intermédiaires et à terme celle des cadres. Les enfants de cadres, quant à eux, bénéficient d'une position sociale acquise : les trois quarts d'entre eux font partie des classes salariées supérieure ou intermédiaire. D'une manière générale, en France, on gravit l'échelle sociale selon un courant ascendant : agriculteur, ouvrier, employé et profession intermédiaire, cadre, sachant qu'il faut deux générations pour que les descendants de milieux modestes puissent devenir cadres.

Martine Fournier, numéro 106, juin 2000, Sciences Humaines.
http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=51&id_article=531
Clara